Je hais le mois d'Octobre
Depuis qu'il est parti, le 26 octobre 2005, à la suite de neuf ans de myélome multiple, je ne suis plus vraiment une personne.
Des gens disent: (nous étions un genre de famille, 2 parents, un enfant), ils me disent:
-"c'est l'avenir qui est à présent remis en question, finis les projets à deux, les projets tout court..."
Ceux qui disent qqchose - car ils sont un peu concernés tout de même, la famille proche, la sienne...
Ceux qui ne disent rien ne disent rien...
Mais plutôt que l'avenir, c'est tout mon passé qui n'existe plus, ou sous forme de souvenirs, pire , c'est une certaine conscience de moi-même qui a disparu, forgée à travers 31 années de vie en commun, nous étions si jeunes, au début de l'histoire. Un premier amour, c'est un premier amour.
Le futur, il avait volé en éclats le jour du diagnostic. Médiane de vie à 4 ans, qu'ils disent. A. a survécu (et vécu aussi) 9 ans , le temps de voir son oiselle quitter le nid, pleines d'honneurs, de mentions très bien au bac et de vie... Du 4 Octobre 1996 au 26 Octobre 2005.
Le présent, lui aussi, est foutu en l'air. Après la sidération des premiers temps, avec un adoucissement des conditions de vie, (finis les prises de sang 4x2 fois par jour pour contrôler le diabète, les levers à l'aube pour la visite de l'hospitalisation à domicile, les repas à inventer pour susciter un peu de plaisir à manger, les pertes de sang continuelles, par le nez, les gencives, le qui-vive constant, les toux bizarroïdes, les appels aux urgences constantes, et j'en passe...), après la fin de ce genre d'enfer, il y a eu une accalmie.
Et à présent, je suis en plein dans l'horreur de cette absence définitive. En plein.